Dans le puits, mais jamais seul
Aimé de mon père et détesté de mes frères.
Les rêves qui suscitaient la haine et l’interrogation racontaient en réalité le plan de Dieu pour notre famille et notre peuple.
Un plan qui m’a conduit tour à tour au fond d’un puits vide, dans une caravane d’esclaves et derrière les murs d’une prison.
À chaque étape, l’excellence, l’intégrité, la fidélité et la foi ont été les marches sur lesquelles j’ai pu vaincre l’adversité et l’oubli.
En quittant mon père pour rejoindre mes frères, perdu dans un champ, un inconnu est venu m’indiquer leur direction. Cette scène très courte marque le début de mon histoire, mais déjà le thème était donné : jamais je ne serai perdu.
Qu’importe la violence qui suivra.
Arraché à l’amour d’un père, jeté au fond d’un puits, je suis passé du fils aimé au fils pleuré, du frère haï au frère vendu. Ma tunique colorée est désormais ensanglantée.
Mais au fond du puits ce jour-là, seul et loin de mon père, de fils de Jacob je deviens fils de Dieu. Et cela est suffisant pour garantir ma survie, mon épanouissement et ma prospérité, pourvu que je m’en souvienne.
Car l’amour du Père céleste vaut toujours plus que tout.
Chez Potiphar, j’ai reçu autorité sur tout ce qu’il possédait, devenant la porte d’entrée de toute bénédiction pour sa maison.
Mais alors que l’ennemi tentait de détourner ce plan par la séduction d’une femme, cherchant à faire de moi un amant, un menteur, un distrait, un sournois, celui qui se faufile, se cache, dissimule, celui qui trouve plaisir dans sa faiblesse, j’ai marqué une pause et j’ai réfléchi :
« J’ai tout. Rien, absolument rien ne m’est interdit, sauf une seule chose : cette femme. Comment pourrais-je faire cela à mon maître ?
Comment pourrais-je faire cela à Dieu ?
Comment pourrais-je trahir la fidélité qu’Il me porte ?
Comment trahir le seul père qu’il me reste ? »
Je me retrouve de nouveau devant l’arbre du jardin.
Je dois prononcer ce qu’Adam et Ève n’ont pas su dire.
La fidélité de Dieu est un don.
La fidélité à Dieu est un choix.
Un choix qui va me conduire en prison.
Comment parler de réussite et de prospérité depuis une prison ?
C’est pourtant ce que Dieu a fait.
Car ce qui est dit de Dieu, sa présence, sa bénédiction, la prospérité qu’Il accorde, la réussite qu’Il donne à mes actions, reste identique, que je sois au service de Potiphar, au fond d’une prison ou bras droit de Pharaon.
Je ne sais pas où tu te trouves, ce qui t’empêche de dormir, cette masse qui t’étouffe ou la brume qui te voile mais je peux te dire sans l’ombre d’un doute :
Tu peux être détesté de tous, attaqué et rejeté, cela ne changera ni l’amour, ni le plan de Dieu pour toi,
Tu peux être jeté au fond d’un puits vide, perdu, nu, cela ne changera ni l’amour, ni le plan de Dieu pour toi,
Tu peux être enfermé, injustement, attaché, prisonnier, cela ne changera ni l’amour, ni le plan de Dieu pour toi.
Reste ferme et demeure fidèle.
Envers et contre tous,
Tu es celle ou celui que Dieu tient par la main.
